Entrepreneur

Quelle belle idée ! Embaucher un élève en échec scolaire

Embaucher un jeune en échec scolaire
Le monde du travail

Pourquoi embaucher un élève en échec scolaire est une bonne idée

Nous désirons inviter les entrepreneurs à reconsidérer la question de l’étude d’un dossier. Quand celui-ci reflète le parcours difficile d’un candidat à l’embauche, quels risques réels y a-t-il pour l’entreprise à l’intégrer dans son équipe ? Peut-il éventuellement apporter quelque chose de positif à l’entreprise ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Un système scolaire n’est qu’un concept parmi d’autres et relève d’une administration qui prétend donner sa chance à tous, mais tout le monde ne bénéficie pas des mêmes conditions d’existence au départ. Pour certains, elles ne sont pas optimales.

Le système scolaire classique est destiné à façonner des profils adaptés à un système hiérarchique.

L’école n’est pas la vie, mais la vie est l’école.

Oser d'embaucher un élève en échec scolaire
Interprétation d'un jeune en échec scolaire dans l'entreprise. Image générée par l'IA

L’école n’est pas faite pour former des entrepreneurs ou aider l’individu à trouver sa voie et à s’épanouir dans l’existence. Elle équipe simplement le peuple avec un minimum de compétences nécessaires pour s’intégrer d’une façon autonome dans un système donné.

L’école classique met l’accent sur les compétences académiques, théoriques (soit les mathématiques, les langues, les sciences) et propose des méthodes d’apprentissage standardisées qui ne répondent pas à tous les besoins.

«Les raisons d’échec scolaire sont multiples et si on veut chercher des coupables on en trouvera dans les deux camps dans des proportions variables. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et certains élèves ont, de par leur nature ou par les circonstances, plus de mal que d’autres à s’adapter au monde dans lequel nous vivons. Ces “difficultés d’adaptation” trouvent leur origine dans des problèmes familiaux ou sociaux, un cadre pédagogique inapproprié, des pathologies non prises en compte dans les établissements (notamment les troubles d’apprentissage plus ou moins importants liés au TDAH, DYS, TSA ou même le HPI), le harcèlement – toujours assez difficile à détecter –, et le manque de confiance en soi forment autant de facteurs qui entrent en compte dans l’échec scolaire.

Des talents cachés - 6 éléments à tenir en compte avant de rejeter un dossier d'élève en échec scolaire
Interprétation d'un élève en échec scolaire dans le cadre professionnel en entreprise. Image générée par l'IA. On constate que l'IA l'a mis en valeur. Son visage est l'un de deux non déformés - sans demande particulière. Pourquoi, ça on ne le sait pas.

De nos jours, la quasi-totalité des élèves évolue dans un monde de gratification immédiate où le virtuel tient une place prépondérante. Or, à l’école, l’enfant doit se concentrer sur des matières qu’il juge inintéressantes, enseignées avec des méthodes dépassées, dans un environnement souvent bruyant où personne n’a le droit de bouger. Cet enseignement, non interactif, non intuitif ne valorise ni la créativité ni la diversité des approches mais uniquement le vrai ou faux par rapport à une réponse attendue.

À écouter les préceptes gouvernementaux qui déterminent les objectifs à atteindre et les méthodes à employer, on peut se bercer de l’illusion d’une vision claire et prioritaire et d’un progrès, et croire que l’école d’aujourd’hui est pourvue de toutes sortes de qualités : modernité, sécurité, compréhension des problèmes de l’élève et désir de l’accompagner au mieux dans son évolution. Trop souvent, la réalité ne correspond pas à cette image.

Un nombre d’élèves de plus en plus important possèdent des aptitudes plus marquées pour les tâches pratiques, la résolution de problèmes concrets ou le travail manuel. Ces compétences sont un atout majeur recherché dans de nombreux métiers, dont évidemment l’artisanat, mais aussi la vente ou les métiers techniques où les qualités pratiques surclassent les performances académiques.

Voici quelques points à considérer avant de juger et d’écarter les élèves qui sont en échec scolaire :

Elle/Il a des compétences.

Des compétences acquises sur le terrain  

Les compétences pratiques sont souvent négligées à l’école. Aristote l’avait déjà remarqué il y a bien longtemps : Ce que nous devons apprendre à faire, nous l’apprendrons en le faisant.

Un taux conséquent de personnes en échec scolaire développent ou possèdent déjà, souvent dès leur plus jeune âge, des compétences « de terrain ». Le plus souvent ces compétences sont motivées par la passion et acquises par l’expérience, l’observation, le travail manuel ou de petits jobs qui les ont familiarisés avec le monde du travail.

Certaines personnes n’apprennent que par la pratique et dans les deux cas cela peut être un avantage pour l’entreprise qui ose embaucher un jeune en échec scolaire ou ayant de mauvais résultats car il arrivera déjà « prêt à l’emploi », opérationnel, avec une expérience et des connaissances parfois impressionnantes.

En France, l’école ne répond pas ou insuffisamment à tous les besoins. En effet, le type d’apprenant n’est pas pris en considération pour rendre l’élève joignable. Celui-ci peut être visuel, auditif, kinesthésique, c’est-à-dire que l’élève apprend par la vision, l’ouïe ou le toucher. Ceci explique que certains élèves restent presque totalement imperméables à une information et ne retiennent qu’un piètre minimum des années entières passées en établissement à temps complet.

Notre choix de vocabulaire réceptif vs joignable

C’est quoi une personne réceptive ? Qui perçoit facilement des impressions, des suggestions ou des agressions; qui est sensible, émotif […] source:  cnrtl.fr/lexicographie/receptif

[être] joignable, étymologie joindre, avec le suffixe -able. (ndlr: able en anglais = capable), source wiktionary.org
Joignable alors parce que non seulement Elle ne reçoit pas, elle ne répond pas non plus.

La rage de réussir : motivation et résilience 

Les élèves ayant vécu l’échec scolaire, quelle que soit sa gravité, développent souvent une certaine résilience car ils sont confrontés beaucoup plus tôt que les autres à une situation qui pose question.

Leur difficulté à réussir dans un cadre rigide tel qu’on le trouve dans le monde scolaire peut les pousser à aller plus loin. Développer une détermination et une capacité à rebondir face à l’échec en employant des méthodes plus créatives, en analysant la situation, ses propres besoins, pour ensuite trouver d’autres réponses, est une capacité précieuse dans le monde professionnel à tous les échelons. L’envie de réussir dans un environnement nouveau où ils se sentent mieux, voire la rage de donner tort à ceux qui ne croient ou ne croyaient pas en eux, peut les transformer en collaborateurs très habiles, motivés et engagés.

Pourquoi oser d'embaucher un jeune en échec scolaire est une belle et bonne idée bénéfique pour l'entreprise
Un groupe de jeunes dans l'entreprise malgré l'échec scolaire. Image générée par l'IA.

Accepter l’échec et rebondir : gérer la déception et la colère

L’échec est une invitation à faire mieux la prochaine fois. Le rejet, le « NO » (« non » en anglais) n’est pas un couperet : il signifie aussi « Next Option » (prochaine occasion). Accepter l’échec, c’est souvent accepter le défi. Pourtant, dans le cadre du parcours scolaire, retenter sa chance s’avère difficile, surtout si l’élève se retrouve dans le même contexte qu’auparavant.

Avoir vécu des épreuves personnelles forme une personnalité et peut constituer une force dans l’univers professionnel. Il n’est pas donné à tout le monde d’apprendre à se remettre en question, surtout si jeune. Vivre avec un échec si fondamental et être confronté à tellement de questions essentielles d’orientation demandent un travail sur soi très intense.

Les élèves ayant vécu l’échec scolaire ont appris à vivre avec des résultats insatisfaisants à l’origine, à analyser le problème et accepter la déception et la colère pour avancer et trouver leur place. Avec un peu de chance et un travail personnel conséquent, ces difficultés premières peuvent se transformer en atout dans la vie future.

En effet, l’individu ayant été confronté à des échecs et des défis dans son enfance a appris très jeune à rebondir et à se relever, changer son point de vue et ne pas se décourager à la première difficulté. Il peut donc devenir un salarié de tout premier ordre qui saura gérer efficacement les situations difficiles.

Une mer calme n’a jamais fait un bon marin. 

Le succès n’est pas final. L’échec n’est pas fatal. 

La réussite n’apprend rien, c’est l’échec qui nous permet de grandir.

la rage de réussir : motivation et résilience 

Grâce à leur parcours différent, les jeunes en échec scolaire ont souvent une vision alternative de la réussite. Intégrer ces profils non académiques, à qui le système scolaire ne convenait pas, pourrait en revanche permettre à l’entreprise de diversifier et ainsi enrichir son équipe, à laquelle ces personnalités créatrices apporteront un sang neuf. Leur regard « inintimidé» sur les choses pourrait aider l’entreprise à repenser les processus, identifier des pistes d’amélioration ou mieux comprendre une clientèle variée.

Ne nous trompons pas quant aux possibilités d’évolution d’un individu, qui peut tout à fait s’épanouir dans un milieu favorisant et apporter de la positivité autour de lui une fois les difficultés de départ surmontées. Comprendre ce qui l’a amené à échouer, l’écouter, ne pas le juger sans connaître le contexte, lui apporter soutien et lui faire confiance dès le départ sont les clés pour sa réussite future dans votre entreprise.

Le savoir-être : l’intelligence émotionelle et les compétences sociales  

Certains de ces jeunes sont équipés des compétences sociales et arrivent à les développer au fil du temps. Ces compétences passent inaperçues ou sont très peu valorisées dans le cadre scolaire, mais s’avèrent essentielles en entreprise.

Ils apprennent souvent beaucoup plus tôt que d’autres à accepter, comprendre, et gérer les émotions, à se montrer empathiques et se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses actes, à gérer des situations de conflits ou travailler en équipe. Ces qualités sont appréciées dans des environnements professionnels où la collaboration et la communication sont centrales.

L’esprit entrepreneurial

Certains élèves en échec scolaire ont des profils atypiques et/ou une créativité qui n’entrent pas dans le moule scolaire mais peuvent être un avantage majeur pour l’entrepreneuriat.

Nous avons déjà abordé l’atout de la neurodiversité dans cet article.

Leur parcours malheureux, causé par une scolarité souvent agitée, les pousse à développer des compétences pour gérer la frustration, poser d’autres questions, chercher des solutions originales et penser « en dehors du cadre ».

« La folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

A. Einstein

Cette qualité, qu’on appelle parfois la capacité d’innovation et d’adaptation, peut les mener à réussir en tant qu’entrepreneurs ou à apporter un regard neuf et créatif au sein de leur entreprise.

Le #bénef ? une situation mutuellement enrichissante

Se retrouver dans une situation d’échec scolaire ou de rejet systématique n’est pas comparable à un rhume qui passe en une semaine ou deux. On en garde des séquelles, souvent à vie, séquelles qui peuvent être aggravées par le manque d’accompagnement professionnel. Tout le monde n’a pas le mental qui permet de tourner la page et d’avancer rapidement mais souvent un simple soutien extérieur permet de trouver la force d’avancer sans se retourner.

En résumé, les avantages pour l’entreprise qui ose donner une chance aux underachievers (« sous-performants ») sont nombreux :

Dans une idée un peu romantique, la première chose qui me vient à l’esprit est la fidélité et l’engagement, mais je dois avouer que la reconnaissance n’est pas monnaie et le deal n’est pas sûr.

Les personnes qui ont dû lutter pour avoir une place en entreprise ont généralement tendance à rester plus longtemps, ce qui peut être positif pour l’entreprise par rapport au coût du processus d’embauche mais aussi par rapport de la success story et donc la réputation de l’entreprise.

L’entreprise fera d’une pierre deux coups : en donnant sa chance à une personne en difficulté, elle bénéficie d’une occasion précieuse de tisser des liens solides avec un être qui a déjà vécu des situations extrêmes où il fallait faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité. Donner sa chance à une personne en difficulté, c’est avant tout investir dans un capital humain avec peu de risque si certains facteurs sont correctement pris en compte, notamment l’aspect psychologique, autrement dit la santé mentale.

Le prix à payer pour ces investissements est aujourd’hui souvent considéré comme « inapproprié », mais ceux-ci sont essentiels pour le bien-être de tous dans l’avenir. Le monde est en constante évolution et le travail fait par l’homme devient de plus en plus automatisé, voire remplaçable par la technologie. Notre plus grande force sera de rester humains.

Ouvrir la porte aux jeunes en échec scolaire est un pari gagnant pour les entreprises. D’une part, il s’agit d’une preuve de confiance envers des profils souvent sous-estimés, et d’autre part, la récompense de cet engagement réside dans la réputation de l’entreprise et la consolidation d’une équipe enrichie par la diversité.

Image des jeunes ayant connu des difficultés scolaires importantes qui apportent une plus-value à l'entreprise
Que dire ? Anciens élèves en échec scolaire dans le monde du travail. Image générée par l'IA

______________________________________________

Alerte système toxique

Depuis toujours et malgré toute sévérité et pression, l'école n'a pas de succès chez tout le monde. Voici quelques noms et parcours rassurants à googler pour en savoir plus.

Avant l’âge de 16 ans:
Mika, Drew Barrymore, Sylvester Stallone, Vanessa Paradis, Albert Einstein, Thomas Edison, Gillian Lynn, Thomas Mann

Après ou à l’âge de 16 ans:
Eminem, Jean Cocteau, Louis de Funès, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Richard Branson, François Pinault

Définition HPI sur "l'échelle du QI"

L’échelle du psychologue américain David Wechsler est la plus récente / reconnue. Le “WISC”, Wechsler Intelligence Scale for Children, a été développé vers les années 1940 pour les enfants de 6 à 16 ans et 11 mois. Sauf erreur, la dernière version (V) est sortie en 2014. Le classement est le suivant :

  • min 130 Intelligence très supérieure (HPI)
  • 120–129 Intelligence supérieure
  • 110–119  au-dessus de la moyenne
  • 90–109 Intelligence moyenne
  • 80–89 en-dessous de la moyenne
  • 70–79  Intelligence limite
  • 69 et moins Intelligence extrêmement basse.
L'école vivant selon freinet

Des concepts pédagogiques alternatifs existent, voici par exemple celui de Célestin Freinet originaire des Alpes-Maritimes

Savoir lire, écrire, calculer.

Une personne illettrée est une personne qui a appris à lire et écrire mais ne maîtrise pas. Un analphabète est une personne qui n’a jamais appris à lire ou écrire.
 

Souvent invisible, l’illettrisme est pourtant une réalité. 2,5 millions de personnes se trouvent en situation d’illettrisme, soit 7 % des personnes ayant été scolarisées en France et âgées de 18 à 65 ans (source : Insee, enquête 2012 “Information et vie quotidienne”). – via education.gouv.fr

En France, la dyslexie dont font partie la dysorthographie qui se manifeste par des difficultés persistantes à distinguer entre les mots qui se prononcent identiquement mais s’écrivent différemment (mère : mer : maire, les sens : l’essence) et la dyscalculie qui indique une incompréhension pour le concept des nombres touche, selon ameli,  3 à 5 % des enfants (soit en moyenne un élève par classe).

Le décrochage scolaire  : citation 

L’objectif fixé consiste à faire passer en 2020, le taux d’abandon scolaire moyen dans l’Union européenne sous la barre des 10 %. Dans ce cadre, la France a atteint les objectifs qu’elle s’était fixée et le taux d’abandon scolaire est de 8.2% en 2019 (12,6% en 2010).

[…]

Par ailleurs, un programme de formation se poursuit pour mobiliser, autour de l’objectif de la prévention, l’ensemble des personnels intervenant dans la lutte contre le décrochage scolaire (enseignants, corps d’inspection, chefs d’établissement, responsables des réseaux “Formation qualification emploi” et “référents décrochage scolaire” en établissement). La formation vise l’amélioration du climat scolaire, l’évolution des pratiques pédagogiques et la sensibilisation des enseignants aux signes précurseurs du décrochage (absentéisme, évolution soudaine du comportement, baisse des résultats scolaires, etc.). 

Source : https://www.education.gouv.fr/la-lutte-contre-le-decrochage-scolaire-7214#:~:text=L’objectif%20fix%C3%A9%20consiste%20%C3%A0,%2C6%25%20en%202010). 

——————————————————————————————


author-avatar

About Ambeʁ

Multilingual Assistant, Project Manager, Solutionist, Creator, Founder zaria Executive Suite, Creative Office & Coworking

Related Posts